Mai 2015 : L’équipe SOS SOiL vient tout juste d’achever 4 mois d’étude, dans la Région de la Cuvette, sur la ligne de l’Equateur à la République du Congo, sur la biodiversité, la nature, la dynamique et la qualité des sols de 3,8M ha, dans le but de développer l’agroécologie, protéger les espaces sauvages et développer l’agriculture familiale en harmonie avec les projets d’agriculture pour l’exportation, les niches de cosmétiques et de santé.
Un grand projet est sur le point de naître qui porte les espoirs de toute la région pour la sécurité alimentaire et la santé des population en Afrique.
Tout juste rentrant de mission agronomique au Congo Brazzaville, nous avons reçu la Médaile de l’Agriculture, le Montgolfier 2015 de la Société Nationale de l’Encouragement de l’Industrie.
Les Nations Unies ont déclaré 2015, “Année Internationale du Sol” et voici la première médaille agricole jamais attribuée en France pour une entreprise dont la vie du sol est le coeur de métier : SOS SOiL “Save Our Soil”.
Rien de plus plaisant pour encourager notre enthousiasme, après cette mission d’un mois au Congo pour relever la biodiversité et estimer les développement possibles de l’agriculture au Congo : Bien mené, le Congo peut devenir le grenier de l’Afrique très vite. J’en suis convaincu et nous allons le faire.
Le Manifeste Gourmand des Herbes Folles vient tout juste de se voir décerné le Grand Prix de l’Académie Nationale de Cuisine à l’unanimité et avec les félicitations du jury et les Saveurs Sauvages de Ré mention spéciale du jury, pour 2014.
Apporter son grain de sel… nous l’avons fait ce dimanche sur France Culture dans la géniale émission d’Alain Kruger “On Ne Parle Pas La Bouche Pleine”.
Après avoir présenté les plantes sauvages comestibles les plus répandues dans “Manifeste Gourmand des Herbes Folles”, voici les herbes qui nous permettent de réguler le sel dans notre organisme et qui concentrent le plus de nutriments pour notre cerveaux, les plantes des bords de mer et des marais salants avec notre nouveau livre “Saveurs Sauvages de Ré” sur les plantes sauvages de l’Atlantique : ces plantes qui vivent dans le sel, fabriquent des phytohormones qui sont reconnues par notre organisme et peuvent nous permettre de réguler le taux de sel dans notre sang. Elles nous apportent aussi de l’iode, des omega3 et des antioxydants qui s’adressent directement à notre cerveau.
Le centre de recherche sur la nutrition et le cerveau de l’Université d’Oxford en est convaincu : Homo est devenu sapiens en restant au moins 1 million d’années au bord de la mer à se nourrir de toutes ces richesses; c’est la raison de son cerveau aussi démesuré. Désormais les recherches se portent vers l’effet que pourrait avoir un tel régime pour freiner les maladies de dégénérescence du cerveau.
Quoiqu’il en soit ce sont les plantes les plus nutritives de la planète et c’est bien pourquoi les animaux migrateurs s’en gavent: elles leur permettent de parcourir des milliers de kilomètres sans une pose. Quant aux éleveurs, ils y mettent leur moutons pré-salés pour les faire grossir plus vite avant Pâques. Quel gâchis ! Ces lieux que l’on a toujours regardé comme infertiles recèlent de véritables trésors pour la survie de notre espèce.
Isabelle Adjani nous invite à “Vivement Dimanche” l’émission de Michel Drucker sur France 2, à 18H50 le Dimanche 28 Septembre. La STAR du cinéma français, très discrète à la télévision en générale, nous annonce KINSHIP sa nouvelle pièce de théâtre qu’elle jouera au Théâtre de Paris à partir du 17 Octobre 2014. Mais surtout Isabelle Adjani a tenu à mettre en avant ce qu’elle aime, l’illustration de l’esprit libre qui l’anime en permanence… et notamment pour la liberté de s’alimenter sans s’empoisonner avec Bruno Verjus et son fantastique restaurant TABLE, qui met en avant les meilleurs produits et les meilleurs artisans du goût…
Bruno chez qui les Foodingues se délectent. C’est là où nous avons rencontré Isabelle, qui, depuis sa parution, ne quitte pas notre livre le “Manifeste des Herbes Folles” : ces herbes sauvages sont autant de délices à nos pieds qui nous montrent les sentiers de la liberté – elles sont bonnes, elles nous font du bien, elles nous racontent les petites histoires de nos origines et elles sont gratuites: “Gratuit c’est meilleur !”. (disponible chez PROMONATURE.com)
Isabelle présente aussi notre tout dernier livre “Saveurs Sauvages de Ré”,
où les herbes folles de l’Atlantique nous ouvrent touts les espoirs pour nous régénérer, nourrir notre cerveau et nous racontent ces petites histoires croustillantes qui nous rappellent comment le premier livre en Français a été écrit par Rabelais, comment les Rétais Cognacq-Jay ont ils créé le premier parc d’attraction en Europe, comment ils ont créé la fête à Paris, où est né le dadaisme, l’art moderne du XX° siècle et qui a accueilli Gandhi pour donner le fameux discours pour la liberté des peuples par la non violence : le discours de la marche du sel.
Michel Drucker complètement sous le charme d’Isabelle, a passé la semaine à lire ces deux livres… il les a littéralement dévoré. Avant l’émission il est venu dans notre loge nous féliciter et surtout nous confier que désormais ses escapades régulières en vélo vont se transformer en cueillette d’Herbes folles pour se nourrir sainement et mieux approcher cette nature qui le fascine; il la comprend mieux désormais et commence à dialoguer avec son environnement. A la fin de l’émission, lui d’habitude si généreux pour donner tous les livres qu’il présente à ses invités… Il a gardé les deux livres pour lui… Il les adore !
Aout 2014, notre nouveau livre “Saveurs Sauvages de Ré : Promenade Gourmande de l’île” sort tout juste des rotatives de l’imprimeur : il est disponible chez Amazon, les libraires rétais et à la Galerie François Giraudeau aux Portes en Ré …
Conçu en 2 hivers passés sur l’ile de Ré, nourris de plantes sauvages et coquillages, il introduit également les herbes folles dans les répertoires classiques de la cuisine de l’île de Ré des vacanciers, pour donner des idées de plats simples et nutritifs, à partir des plantes sauvages locales en indiquant leur bienfaits pour notre bien-être.
C’est un ouvrage pour profiter pleinement de l’ile et s’y régénérer véritablement.
Ces promenades gourmandes des herbes folles pourraient être celles de toutes les plages et les salins de France : elles nous rappellent à nos origines. Les plantes du sel, de l’eau salée, nous plongent dans les premiers pas de notre évolution : Déjà Théodore Monod nous disait que tout était né dans l’eau salé dans l’eau de mer… Mais depuis 2 ans une chair d’étude de l’Université d’Oxford nous dévoile peu à peu qu’Homo est devenu “sapiens” après 1 million d’années se nourrissant de plantes de bord de mer. Les principaux nutriments de cerveau de l’homme sont désormais connus : iode, omega 3, antioxydants puissants, hyper protéines… tout ce dont regorgent ces plantes du sel. Nous qui prenions ces lieux pour exsangues, incultes, sans intérêt pour l’homme…
A Ré c’est encore plus flagrant puisque d’une île de villégiature, où le bagne aurait pu être remplacé par le Club Med, nous y découvrons les sources de notre Histoire :
Les origines de la langue française : Rabelais, moine de Saint Michel de l’Herme préposé au transport des vins de Ré à l’abbaye, s’arrêtait à l’île de Dive, dans la grotte de l’hermitage où il conçu le Pantagruel et le Gargantua, les premiers livres de langues françaises… Dive Bouteille…
C’est ici qu’Aliénor d’Aquitaine, Dame de Ré, transforma la France en Ile de France, un royaume à la mesure de son triste roi de mari, ancêtre d’une longue lignée d’incompétence politique, Louis VII, à son retour de la deuxième croisade : ce’ fiasco rayé de la chronique de France, reste dans la mémoire des rétais comme le Perthuis d’Antioche, le trou de l’histoire de France…
Ré est aussi le fief de la mère de d’Alembert, la baronne de Tencin, amante de l’abbé Dubois, le ministre du Régent : les Lumières se sont formées chez elle, Diderot, Voltaire, d’Alembert.
Le grand père de George Washington, celui du Général Lee est rétais. Toutes ces petites histoires qui fondent la France, les Etats-Unis d’Amérique, celle de l’Angleterre…
Jusqu’aux Rétais célèbres à l’image du couple Cognacq-Jay, qui fonda la Samaritaine, rapportant 1 milliard de Francs Or par an au début du XX° siècle… couple avant garde, qui s’affirmait en toute égalité homme femme, multipliait les fondations pour aider les pauvres; couple joyeux qui créa Magic City à Paris, le premier parc d’attraction européen, aux pieds de la Tour Eiffel.
Gandhi y a donné son seul discours en France… Chaque année ils y organisaient le Bal des Travestis, où se retrouvaient le tout Paris, ses artistes comme ses Faubourgs… Avant Garde de la fête et des moeurs… Tristan Tsara et ses dadaistes, Raymond Radiguet, la bande à Cocteau, les Ballets Russes, Prévert, Maurice Chevalier … le “Bal des Tantes” immortalisé par les photos de Brassaï, bousculait gentiment et avec talent, les lourdeurs bien pensantes de l’époque. Le bal de Magic City a été une libération pour les gay de l’époque…
en avance sur leur époque, on a préféré les oublier : les Allemands ont détruit Magic City, pour remplacer la fête et la créativité par la télévision, les studios Cognacq-Jay… du virtuel, facilement contrôlable sans aucune vocation à déranger.
Même Ré l’avait oublié. Ce livre est là pour nous Réveiller en croquant véritablement l’île à pleine dents et s’y Régénérer…
Tout le mois, la réponse des rétais ne s’est pas fait attendre :
Le salon du livre, l’Ile aux Livres tout d’abord et aussi un enthousiasme sans faille du PHARE DE RE, le journal incontournable de l’île, celui du quotidien SUD OUEST, Celui de la Radio LE SOLEIL DE RE, enfin celui du Blog génial de Maryline Bompard “CHRONIQUES ORDINAIRES DES PETITS MOMENTS DE LA VIE RETAISE”.
Et surtout le vernissage et la signature à la GALERIE FRANCOIS GIRAUDEAU, aux Portes en Ré fut un des hauts moment d’anthologie de la vie rétaise de cette été.
BRAVO
Voici le lien pour réécouter l’émission sur le “Manifeste Gourmand des Herbes Folles. sur France Inter le 22 Juin 2014.
Aujourd’hui le Manifeste Gourmand des Herbes Folles était en renfort au studio 101 de la Maison de la Radio pour rappeler cette vérité encore trop peu diffusée : Les mauvaises herbes sont bonnes –
pour notre nutrition, notre santé; elles sont l’expression de notre culture et avant tout, elles sont délicieuses.
Pour réécouter l’émission voici le lien.
La joyeuse équipe du pétillant François Régis Gaudry était bouche Bée, toutes papilles dehors et le coude fou avec le gazpacho de berce,
le consommé froid de poisson de roche au lichen et à la fleur d’ail
, la poutargue de maquereau à la criste marine
, préparés par George Oxley, et les croustillants d’ail des ours, les sardines aux herbes sauvages, les beignets de fleur de sureau… préparés par Franck Baranger, le brillant chef du restaurant Caillebotte dans le 9° à Paris.
La grande valeur de la critique ultra fine et aiguisée de François Régis Gaudry, est qu’il cherche à faire partager ses bonheur et ses découvertes à tous. Il transmet son enthousiasme érudit, tout en parlant avec autant d’aisance des grands chefs, que du street food. A chaque fois il porte une attention toute particulière au fait que chacun devrait pouvoir accéder et jouir de ces délices autant nutritifs que culturels. Bravo.
Aujourd’hui nous avons démontré que “Gratuit c’est meilleur”, et que même si des rabats-joie tentait d’interdire et de réglementer l’accès au sauvage et la cueillette, 2 jours après que le Haut Commissariat aux Réfugiés ait alerté l’opinion publique mondiale que jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu autant de réfugiés qu’aujourd’hui, l’éducation au plantes sauvages devait être une priorité pour la survie de notre espèce. Lorsque l’on met un nom sur une plante, nous la considérons autrement. Nous ne protégeons que ce que nous connaissons. Si chacun pouvait être conscient du bien que peut lui apporter les plantes sauvages, nous aurions sûrement moins de dégradation de l’environnement. Au lieu d’interdire la cueillette, mieux vaudrait-il montrer comment récolter pour péréniser le sauvage.
J’entends déjà François Régis Gaudry qui tente de me ramener à la cuisine et il a bien raison !
Donc :
Gazpacho de berce pour deux : La berce étant aphrodisiaque, il vaut mieux être deux, donc : 2 poignées de pousses de berce, 1 verre d’eau, 2cà c de vianigre, 2 cà s d’huile d’olive, du sel. un trognon de pain sec émietté selon l’épaisseur désirée, le tout passé au blender 5mn selon la puissance, pour obtenir un jus vert bien onctueux.
Soupe de poisson au lichen : Je récupère les têtes de poissons chez mon poissonnier, j’en fait une soupe un peu style provençale (premier jour d’été oblige, mais toute option est envisageable) : une tomate trop mûre, un peu d’ail un peu de céleri, de courgette revenu dans 2 cà s d’huile d’olive, pour faire un sofrito bien caramélisé, j’y jette mes têtes de poisson, avec une pointe de brin de safran, je fais revenir rapidement et j’y rajoute 2 verres d’eau. J’ajuste le sel, mais normalement avec tous les légumes et leur sels minéraux c’est superflu. Je laisse à feu doux une heure, je filtre et écrasant bien toutes les chairs de poissons pour les réincorporer dans le jus pour avoir de la matière et je fais réduire un peu plus pour obtenir une crème. Je trempe 2 poignées de lichens 30 secondes dans la soupe, les égoutte et les toast au four. Je présente la soupe avec le lichen croustillant par dessus. Vous verrez le lichen qui parait salé, alors qu’il ne l’est pas, fait une merveilleuse introduction croustillante pour la soupe. Pour la photo j’ai poché un foie de lotte que j’avais sous la main.
Poutargue de maquereau au fenouil de mer : poutargue de maquereau parce que personne ne pense à récupérer ces oeufs délicieux, alors ne laissez pas vider vos poissons par le poissonnier ou bien précisez bien que vous voulez récupérer oeufs ou laitance. La poutargue de maquereau se fait en 1/2 heure couverte sous le sel, puis desséchée lentement dans un four à basse température sous le poids d’une pierre plate. Il reste à hâcher l2 poignées de criste marine, le fameux fenouil de mer, que l’on peut agrémenter avec un peut de fenouil cultivé et de persil, tous deux de la même famille botanique, au cas où l’on ne voudrait pas trop choquer les convives par des goûts forts. Mais en réalité tout ces goûts forts s’équilibrent plutôt bien. Une bonne giclée d’un bon vinaigre de Bagnuls et un peu d’huile d’olive en guise de vinaigrette viendra parfaire cette salade instantanée qui ne manquera pas d’en surprendre plus d’un. Pour la photo j’ai rajouté du celeri rave et du celeri branche pour accompagner la criste.
Et si vous voulez continuer les délices vous trouverez tout dans le Manifeste Gourmand des Herbes Folles.
Le pétillant François Régis Gaudry aime le Manifeste Gourmand des Herbes Folles.
Très Très Bon… voici le constat, après un gazpacho de pousse de mûres, un gazpacho de Grande Berce et une glace de caramel de Kombu à l’Oxalys, Pourpier de mer et criste marine… Hummm.
Voyez donc …
Prochain RV, le Dimanche 22 Juin 2014, 11 heure : une heure d’interview gourmand sur France Inter par François Régis Gaudry de George Oxley en compagnie de Franck Banranger, le talentueux chef du Restaurant Caillebotte à Paris… Les Herbes Folles parlent au fines oreilles … ON VA DEGUSTER ! C’est le nom de l’émission bien entendu.
“Ô Bout du Monde”: les Foodingues cuisinent cap au Sud antarctique pour France O. Au menu : Soupe des Grands Pieds et Empanadas de Cactus.
Des plantes sauvages pour Laurent Bignolas qui présente les documentaires de Géraldine Danon et Philippe Poupon, aux frontières les plus australes de la Patagonie, le pays des grands pieds, aux franges de la banquise. Notre mission cocooner l’invité : le grand navigateur et champion Roland Jourdain, le vainqueur de la route du Rhum en monocoque, et de la Rolex Fastnet 2011 en multicoques…
Cette semaine ce sont des plantes sauvages que tout navigateur devrait connaître. Elles se cueillent aussi bien en Patagonie, qu’en bord de mer en Europe et un peu partout dans le monde; mis à part le figuier de barbarie d’origine américaine, qui préfère les petits coins bien au chaud pour se développer … Vous retrouvez toutes ces plantes et ce qu’elles nous apportent, dans notre Manifeste Gourmand des Herbes Folles, aux éditions du Toucan.
La Soupe des Grands Pieds est à base de glands de chêne; de chêne vert, comme les Ballotes que mangent les cochons ibériques de Bellota, qui produisent les meilleurs jambons du monde.
Cette soupe est inspirée de la première recette de cuisine écrite en France, réalisée pour le mariage de Blanche de Castille, la mère de Saint Louis. La différence ici, ce sont les glands qui remplacent les amandes et comme nous sommes en Patagonie, la soupe de poissons de roche au lieu du bouillon de chapon.
Les Mapuches de Patagonie mangeaient ces glands, une foi fermentés. C’étaient les sucreries des indiens Alakaluf de la Terre de Feu : les glands étaient trempés dans l’eau pendant 2 semaines, puis séchés au vent pendant un mois à l’ombre. Une fois leur coque toute noire, ils sont à point. Il ne reste plus qu’à les éplucher pour obtenir des friandises transparentes ultra-sucrées… un peu comme des marrons glacés !
Pour la soupe des Grands Pieds, j’émulsionne les glands dans un bouillon de reste de poisson. Je saupoudre d’épices brûlés pour le noir-vert, à base d’algue Fucus vesiculosus toastée, de criste marine et pour le rouge, des morceaux de figue de barbarie.
Pour accompagner la soupe : les incontournables empanadas – ce plat est un peu l’ADN des Argentins.
Seulement ici, pour une fois, nous faisons un clin d’Å“il au passé indien de l’Argentin. Celui dont personne là bas ne veut se souvenir. En revenant des Andes bolivienne, à Buenos Aires nous sommes pris par un taxi qui portait une longue chevelure noire à la Atahualpa Yupanqui… Dés qu’il apprend d’où nous revenons il s’écrit « mais il y a plein d’indiens là bas ! »
Nous avons remplies ces empanadas d’herbes sauvages, de Yuyos comme on dit là bas.
Yuyos, les mauvaises herbes qui sont la hantise de l’agronome argentin. Pourtant ce mot vient du Quechua, la langue de l’Incas et signifie plantes alimentaires… Triste ironie du sort où l’agronome moderne se retrouve à lutter contre les plantes alimentaires d’autrefois.
Ces empanadas sont fourrées d’une julienne de nopal, les raquettes de cactus de figue de barbarie et de Beta maritima, la betterave marine à l’origine de notre betterave cultivée, qui pousse sur toutes les plages du monde. beta parella Sm
Un peu d’oignon fondu dans de l’huile d’olive, confit au sirop de caroubier et concentré dans le bouillon de poisson ; je rajoute la julienne de raquette d’Opuntia et de Beta hachés… le tout emmitouflé dans une pâte feuilletée, peinte à l’Å“uf dilué dans l’eau pour que cela brille, au four 15mn à 180° et voila.
Les plantes sauvages :
Le Fucus vesiculosus : le vulgaire goémon qui sert de décoration aux huitres est pourtant aussi nourrissant voire davantage qu’elles… il se vend à près de 7 euros les 50gr en pharmacie pour les régimes amaigrissant et nous le jetons…
Une fois toasté et réduit en miettes, il devient une épice salée délicieuse. Il sale et pourtant transmet des actifs qui permettent de réguler le sel dans le sang.
– La criste marine : Crithmum maritimum, était le secret de la marine britannique de guerre. Elle était conservée dans l’eau salée ou dans le vinaigre. C’était une réserve de vitamine C pour lutter contre le scorbut. Aujourd’hui c’est le secret de beauté des marques cosmétiques, grâce à leurs complexes sucrés capables de reconstruire la peau.
Le figue de barbarie : l’Opuntia Ssp. c’est vrai, est aujourd’hui complètement oublié en tant que nutriment en Patagonie. Pourtant, lui comme les autres fruits de cactus, étaient plutôt apprécié. Maintenant, il est plutôt devenu une nuisance ou le complément pernicieux d’une haie. Les indiens l’appelaient la plante des os, car elle est ultra riche en calcium et a toujours été utilisée pour réparer les fractures. Les fruits sont sucrés et très riches en antioxydants. Les raquettes sont délicieuses. Elles peuvent se servir crues, en julienne ou bien cuites. Au Mexique, pour éviter de perdre tout le mucilage dans l’eau, toute cette bave remplies d’excellents principes actifs, le secret des Aztèques était de les cuire dans une eau saturée de tequixquitl, aujourd’hui Tequixquite, un sel fin récolté aux bord du lac de Mexico. On peut tout simplement le remplacer par du bicarbonate de sodium, car dans l’eau la raquette a tendance à relacher toute sa bave avec son calcium, basique donc. Si l’eau est saturée de base, la raquette reste bien ferme en gardant toutes ses bonnes choses.
 Le caroubier : en Amérique du sud c’est le Prosopis Ssp., alors qu’ailleurs c’est le Ceratonia. Là bas c’est l’arbre de vie, l’arbre qui nourrit le voyageur. Ici j’utilise le suc tiré de ses fruits, que l’on appelle “miel de algarobo”. Je le mélange aux oignons de l’empanada pour les faire caraméliser et leur donner comme un goût de cacao. C’est le petit truc qui rend ce plat totalement un palais sucré comme celui d’un Argentin…
En Amérique du Sud, cet arbre est souvent à côté d’une église… c’est un arbre votifs, auquel on accroche des petits bouts de tissus pour que ses vÅ“ux se réalisent. C’est aussi l’arbre des voyageur, l’arbre des camionneurs : au bord des routes en Argentine, il y a toujours un petit autel rouge dédié au gauchito Gil, le Robin des Bois des camionneurs, le saint des pauvres et des humiliés, à qui l’on fait une offrande rouge.
No me dejes partir, viejo algarrobo,
que ya no sé decir: Hasta la vuelta…
Hay un rÃo profundo que me llama
desde el antiguo valle de la pena.
Ne me laisse pas partir, viel algarrobo
déjà je ne sais plus dire : à bientôt…
A moi, cette rivière profonde s’adresse
depuis l’antique vallée de la tristesse
Ces vers d’Atahualpa Yupanqui, me renvoient à la première fois où nous sommes arrivés dans les Andes péruviennes. Dans un restaurant de la porte des Andes, à Huancayo, on nous a servi une énorme pomme de terre. Elle venait du Canada… Fou ! Sur la terre des hommes qui ont inventé la pomme de terre ils n’avaient rien trouvé de mieux que d’importer les patates du Canada ! En fait la pomme de terre native, celle des origines, c’était la pomme de terre des pauvres, elle faisait honte. Voilà pourquoi début 2000, avec un entrepreneur péruvien, nous avons monté le projet Tikkapapa, fleur de patate en quechua, pour fédérer 8000 communautés entre 3500 et 5000m d’altitude dans les Andes. Puis nous avons organisé le réseau de transport pour vendre les pomme de terre lavée et conditionnées en supermarché. Nous sommes allés voir les plus grands chefs pour leur présenter ces sublimes pommes de terre. Ce fut un succès. Aujourd’hui le Pérou est fier de sa Pomme de terre : plus de 3000 variétés perdurent et environ 230 sont cultivées dans un objectif commercial.
Ce projet a reçu la Médaille d’Or de la FAO en 2006, le SEED AWARD 2007 des Nations Unies et le BBC WORLD CHALLENGE for development 2007… Comme quoi de sa propre initiative et sans moyen particulier, il est possible de faire éclore de superbes projets pour le développement.
Ce sont toutes ces traditions et ces richesses culinaires que nous avons voulu transmettre dans notre livre le Manifeste Gourmand des Herbes Folles. Pour bien affirmer que le plus souvent en gastronomie « Gratuit c’est meilleur ! ».